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23/04/2012

chlolesterol et vitriol: les aventures de la critique d'art

Qui est Nicole Estérolle?

D' origine  limousine, critique d'art,  la dame trempe sa plume  dans un liquide corrosif;  refusée par le monde des revues d'art (sauf Artension) elle s'offre, via un blog, une série d'articles vitriolés sur les papes et papesses de l'art contemporain.

  La  chronique 28, dernière en date, malmène (le mot est faible) Catherine Millet, directrice d'Art Press et auteur du célèbrissime "la vie sexuelle de Catherine M". 

Bonne lecture!

 

Cependant sa cible principale est le schtroumpf émergent:

"Le Schtroumpf émergent ne sait pas dessiner ni peindre. Il bricole tout juste. Il est parfaitement inculte en histoire de l’art, hors celle qui concerne ses référents. Il est puissamment armé en arguments rhétoriques d’une extrême sophistication, qu’il peut répéter mécaniquement"

 

Je vous laisse découvrir sa sélection..

et en particulier la chronique à propos de cet artiste dont l'oeuvre consiste à ne laisser aucune trace d'elle-même...quand tout a été fait, on arrive encore à inventer une absurdité formidable: l'oeuvre auto-annulée par choix mais qui coûte un max. Faut bien vivre. Du moment que c'est nouveau...

Comme si l'institution avait une terreur, une seule: laisser passer sans le reconnaître le prochain Marcel qui réinventera l'art !

 

La lecture est assez jubilatoire; le blog est sanglant autant que bien écrit. Certes il égratigne du monde et jette le bébé avec l'eau du bain. Pas de salut pour l'art contemporain et ses schtroumpfs .

On ne peut être toujours d'accord avec une position trés extrêmiste qui considère tout artiste actuel et reconnu comme un pantin sans cervelle ni métier, sans inventivité, aux réalisations clonées et dénuées de sens et seulement avide d'entrer au chaud dans l'institution; on sait aussi que ce genre de propos est  facilement récupéré par une tendance opposée, assez réactionnaire d'une critique quelque peu rancie où l'art s'est arrêté aux impressionnistes...et encore! Et alors?

 

  Les pavés dans la mare sont salutaires quand l'absence totale de regard critique et une uniformisation des pratiques institutionnelles ignorent superbement un pan formidable et foisonnant de la création vivante. Elles  entraînent alors un formatage des "produits" artistiques valorisés avec une constance de métronome sur la foi de critères formels assez reconnaissables ; ces habitudes sectaires qui mettent en scène une sorte d'élite bon élève de l'art contemporain, trés normée, trés au fait de tout ce qu'il ne faut pas faire pour être admis au club des artistes promus prometteurs,  ne sont jamais remises en cause par qui que ce soit. Dans le grand silence blanc où tout le monde (pour des raisons diverses) pique du nez en se déclarant incompétent à juger le énième avatar duchampien des artistes de l'avant garde autoproclamée, un peu de désordre est bienvenu; ça fait comme une respiration.

Alors oui, le débat est ainsi rouvert, tant mieux, et il faut imposer qu'il le reste. Le goût de l'art n'est pas un monopole d'Etat, ni celui des grands argentiers comme messieurs Pinault et autres mécènes, ceux qui donnent le LA.

Il ne s'agit pas non plus de coller aux basques d'un Luc Ferry ou d'un Bruckner dont on n'a rien à attendre de bien impertinent; et le discours d'un Fred Forest me parait,lui, trés fredforestocentré, quoiqu'en dise Nicholesterol.

Ouvrir le champs des possibles n'est pas cultiver une sorte de populisme d'arrière garde et conservateur, ni hurler à l'artiste incompris toutes les 5 minutes;juste remettre le langage artistique au coeur du battement social et du regard de l'autre, et dans un mouvement et un espace ouverts; on ne gagne rien à une célébration discursive qui ne mesure pas l'ennui qu'elle procure au nom d'une prétendue avant-garde.

Les artistes y prendront alors d'autres risques que celui de n'avoir pas bien rédigé leur dossier.