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23/11/2014

prolongation de l'exposition à la galerie Mélanson jusqu'au 29 novembre

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détail de Melancolia

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courants chauds 30x30cm

article: Carnet d'Art N°04 - chantal mélanson.pdf

 

01/10/2014

galerie Chantal Mélanson

La galerie fête ses 20 ans et je fais partie des heureux élus qui partagent cet anniversaire en belle compagnie

En introduction voici le texte d'un écrivain norvégien inclassable et merveilleux, Tarjei Vesaas, mort en 1970; on peut le lire au début de son dernier livre: La barque le soir

Je ne sais pourquoi, des barques (ou des arches peut-être) sont apparues dans ma peinture, comme une évidence,

et les mots de Vesaas résonnent.

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31/07/2014

Miroir mon beau miroir

 

 

A Florence, la quantité de chefs d'oeuvre au m2 est, au sens propre, incalculable.  La quantité de touristes dans les lieux désignés comme "à voir absolument" porteurs d'une autogreffe numérique (appareil photo ou tablette)  est tout aussi incalculable. L'usage immodéré de cet appendice qui a poussé asymétriquement sur un des deux bras dont l'espèce humaine est pourvue opère (à moins qu'il n'en soit la conséquence) une sorte de réduction de la pensée qui se traduit par deux types de postures:

soit

regarder l'art, la ville, le paysage, sur l'écran qu'on fixe en permanence (de peur de manquer quelque chose qui serait sur l'écran et pas en vrai?)

soit

tourner le dos au tableau, à l'architecture, au point de vue, pour être photographié devant, et être associé pour la postérité, soi-même- en- personne- moi- parce- que- je- le- vaux- bien, au fond d'écran grandiose et surtout célèbre qu'on n'avait entrevu, auparavant, que sur les catalogues de l'agence, avec d'autres crétins au premier plan. Bien entendu, on ne le voit pas mieux puisqu'on ne le regarde pas, mais le but est ailleurs.

Ainsi ces merveilleuses peintures vieilles de plusieurs siècles, réalisées par des artistes exceptionnels, qu'on a la chance, parce qu'on est riche et libre de ses mouvements, de voir en vrai, peut-être une fois dans sa vie, à peine si on les regarde quelques secondes: plus précisément, on les repère, on les traque, et, impérieusement, comme mu par une nécessité profonde qui engage tout son être, sûr que c'est l'acte le plus utile et le plus urgent, on les prend en photo: parfois de travers, mal cadré, avec des têtes casquetées au premier plan et le reflet sur la vitre, peu importe, le cliché ira se ranger bien sagement à la suite des milliers d'autres engrangés déjà afin de montrer aux autres, ou de se montrer à soi-même, ultime perversion masturbatoire, à quel riche vécu culturel on a participé.

J'y étais, j'étais Là.

En 1434, Van Eyck écrivit sur le fameux portrait des époux Arnolfini: « Johannes de Eyck fuit hic » (« Jan Van Eyck fut ici »), et dans le miroir courbe du fond, le peintre est ce reflet lointain et minuscule qui conçut et réalisa lors d'interminables et nombreuses séances de travail, une des peintures les plus remarquables du XV ème siècle. Lui aussi dit: "j'y étais" mais faut-il commenter la distance inouïe, que dis-je, l'abîme qui sépare ces deux affirmations à la première personne presque identiques dans les termes si ce n'est dans les formes, que dire de ce précipice entre le peintre Van Eyck qui, en signant une oeuvre majeure mais dont il ne peut prendre à ce moment la mesure, nous plonge en même temps dans une réflexion sur le temps et la vanité des hommes, et le touriste suant et affairé, soucieux de prouver au monde entier et à lui-même (car en étant si peu présent, est-on bien sûr de ce qu'on vit?), qu'il y était?

Et le miroir, celui du XVème, rare et précieux, encore réservé à quelques privilégiés jusqu'au XIXème, répond au miroir du XXIème siècle, tellement répandu qu' un reflet vaut mieux que la chose, que l'image est plus désirable que ce qui la produit.

Car nos miroirs actuels sont magiques, ils gomment les erreurs, traquent le défaut, lissent les rides, et, surtout, gardent sans effort la mémoire qu'on leur désigne. Et puis l'image n'a pas d'odeur. On la préfère au réel, comme si on devenait paresseux devant la complexité du monde et imperméable à sa poésie, inquiet aussi de ses erreurs et de ses failles, de ses imperfections et irrégularités, et juste capable de s'en approprier des parcelles parfaitement circonscrites et indiscutables, consommables à loisir, propres à l'exhibition de bureau, grâce au geste facile de la pression d'un doigt sur un engin obéissant, performant, acheté au meilleur prix et possiblement fabriqué dans les pires conditions.  Monde  binaire, on/off, cumulatif et métonymique, pauvre dans l'opulence.

Un langage, dans la foule, n'a pas été partagé, il s'est perdu.

 

Aux Offices, Botticelli a la faveur des groupes. Une grande vitre un peu poussiéreuse sépare le public de ce croissant chaud de la peinture renaissante dont chacun veut sa part. Une masse permanente et internationale s'agglutine devant le Printemps et la Naissance de Venus; les bras sont tendus et se terminent par un moignon en forme d'objectif, on entend des clic et des clac, on a envie de donner des claques et de prendre ses cliques, mais il suffit d'aller un peu plus loin, un grand Ucello est presque seul, l'Annonciation de Léonard est disponible, un petit Dürer nous attend, Caravage est derrière la porte, il repousse les murs à lui tout seul et en sa compagnie, la seule femme peintre (et quel peintre!) de tout ce musée: Artemisia Genteleschi*.

La Peinture est là, malgré tout, quel bonheur!

http://www.tuscanytravels.info/files/6419.jpg

 

 

 *extrait de la biographie de Artemisia:

"En tant que femme, il lui est impossible d’accéder aux académies des Beaux-arts et de recevoir un enseignement artistique. Son père va donc, en 1611, lui fournir un précepteur en la personne d’Agostino Tassi (1566-1644), peintre maniériste. Mais celui-ci tente de séduire Artemisia et la viole. Tassi promet le mariage en mentant sur son état-civil car il est déjà marié. Orazio Gentileschi porte plainte devant le tribunal papal plusieurs mois après le viol. L’éthique religieuse et les pratiques judiciaires de l’époque conduiront à torturer la jeune fille de dix-huit pour s’assurer de son innocence"

03/01/2014

14 secondes de Bill

Quoi de mieux pour commencer l'année qu'une vidéo de Bill Viola?

Viola c'est le vidéaste du passage  comme avec

 crossing 

et ça se fait rarement sans eau, c'est comme une naissance sans cesse renouvelée dans un flux de liquides (amniotiques?) dont on ne sait s'ils sont vitaux ou mortels, les deux probablement, selon les circonstances.

de l'eau, mais pas que, comme on le verra prochainement

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Il faut avoir vu en vrai, sur écran géant Five Angels for the Millenium pour découvrir en une fois toute l'ampleur du travail vidéo de cet artiste américain dont le langage est universel et se laisser submerger par une émotion intense, profonde et tripale, venue du fond des âges, du temps d'avant le langage, d'une sorte de temps commun à tous les vivants.

De mars à juillet  une rétrospective aura lieu au Grand Palais. Rendez-vous, en cette année 2014 pour Inverted Birth (voir le reportage sur le site de vidéoformes) et toutes les autres vidéo-installations, à ne manquer sous aucun prétexte.

et spécialement pour vous, 14 secondes de Bill, afin d'échapper pour de bon aux lois de la pesanteur


Happy new year

 

27/12/2013

Jean Rustin, la leçon de peinture.

Le 24 décembre 2013, Jean Rustin est mort.

Chacun s'accorde à reconnaître maintenant l'oeuvre majeure de ce peintre qui reste cependant en deçà d'une réelle célébrité et des frontières du médiatisable.

 Cette discrétion est souhaitable car aucun tintamarre, aucun résumé réducteur de son parcours de peintre, de "l'inquiétante étrangeté" de ses tableaux comme de la non moins inquiétante familiarité qu'ils nous renvoient en miroir, ne sauraient servir un homme qui ne cherchait ni la gloire ni les honneurs, ne courrait pas les salons où l'on cause, et se distinguait par son humilité et sa gentillesse, une forme de simplicité du coeur et du langage, celle qui n'appartient qu'aux trés grands.

Un peintre contemporain, ça existe?

Pas par le "grand" public, car l'oeuvre n'est pas commerciale, bien que remarquable et exceptionnelle. Si l'audience s'est élargie aprés avoir été longtemps limitée à quelques amateurs rares, la peinture de Rustin prête peu le flanc aux dérives décoratives et aux arrangements mondains.Elle va mal dans les salons et jure avec la couleur des rideaux. Il faut la cacher quand on reçoit.

Pas non plus par les institutions qui ne se sont guère intéressées à cette peinture si terriblement humaine et dérangeante, non conforme là aussi aux standards de l'art actuel dont le formatage procure plus d'ennui que de réels scandales.

Alors c'est la passion de quelques uns, individus et galeries, convaincus, qui ont permis que cette oeuvre advienne à elle-même et que vers la fin de sa vie Jean Rustin quitte le presque anonymat qui a été son lot pendant des années. La critique a retourné sa veste, changé ses adjectifs: le peintre "pornographique" est devenu un génie de la fragilité des hommes..

Jean Rustin, lui, n'a pas changé, il a continué à travailler tous les jours, et à vous répondre avec son petit sourire malicieux jusqu'à ce que le corps, non plus celui qu'il a peint à longueur de toile, mais le sien, le trahisse définitivement.

Ce corps exposé et nu pour dire la nudité de l'âme (les peintres doivent se servir de l'image sinon comment peindre l'âme et ses tourments) a fait scandale, a semblé provocant, désespéré, dément, honteusement obscène.  Pourtant c'est un miroir de ce que sans fard nous sommes et devenons chaque jour, cette chair fragile et pulsionnelle, interrogeant l'autre, parfois souffrante, parfois patiente, parfois jouissante, consciente (?) de son obsolescence programmée.

  Il s'est joué en haut de la tour d'un HLM de Bagnolet, dans l'atelier d'un peintre qui parlait doucement et nous montrait tendrement ce qu'on ne peut regarder en face,  une des plus importantes aventures picturales du XXeme siècle.

 

 

Femme allong-e.jpg

 

 

"Ma peinture est un discours silencieux, sans mots. Les descriptions ne tiennent pas compte de la tendresse et de l'amour que je porte à mes personnages dans mon travail. Ces corps nus que je peins, je les caresse et je les travaille jusqu'au moment où je suis moi-même fasciné par leur présence sur la toile, présence que toute la beauté de la peinture doit concourir à porter à son maximum d'efficacité. Et j'ai conscience qu'il y a derrière ma démarche d'aujourd'hui, derrière cette fascination du corps nu, vingt siècles - et bien plus - de peinture surtout religieuse - vingt siècles de Christ morts, de martyrs torturés, de révolutions sanglantes, de massacres, de rêves brisés, et que c'est bien dans le corps, dans la chair, que finalement s'écrit l'histoire des hommes, et peut-être même l'histoire de l' Art."

Jean Rustin

 

 

 

lien utile: fondation Rustin

"Ma peinture est un discours silencieux, sans mots. Les descriptions ne tiennent pas compte de la tendresse et de l'amour que je porte à mes personnages dans mon travail. Ces corps nus que je peins, je les caresse et je les travaille jusqu'au moment où je suis moi-même fasciné par leur présence sur la toile, présence que toute la beauté de la peinture doit concourir à porter à son maximum d'efficacité. Et j'ai conscience qu'il y a derrière ma démarche d'aujourd'hui, derrière cette fascination du corps nu, vingt siècles - et bien plus - de peinture surtout religieuse - vingt siècles de Christ morts, de martyrs torturés, de révolutions sanglantes, de massacres, de rêves brisés, et que c'est bien dans le corps, dans la chair, que finalement s'écrit l'histoire des hommes, et peut-être même l'histoire de l' Art."

 

"Ma peinture est un discours silencieux, sans mots. Les descriptions ne tiennent pas compte de la tendresse et de l'amour que je porte à mes personnages dans mon travail. Ces corps nus que je peins, je les caresse et je les travaille jusqu'au moment où je suis moi-même fasciné par leur présence sur la toile, présence que toute la beauté de la peinture doit concourir à porter à son maximum d'efficacité. Et j'ai conscience qu'il y a derrière ma démarche d'aujourd'hui, derrière cette fascination du corps nu, vingt siècles - et bien plus - de peinture surtout religieuse - vingt siècles de Christ morts, de martyrs torturés, de révolutions sanglantes, de massacres, de rêves brisés, et que c'est bien dans le corps, dans la chair, que finalement s'écrit l'histoire des hommes, et peut-être même l'histoire de l' Art."