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30/12/2012

en queue de poisson

 

« La vie de chacun d’entre nous n’est pas une tentative d’aimer. Elle est l’unique essai. »

Pascal Quignard

 

 

 Tree_veins

Ainsi  finit l'année dans un évanouissement progressif et courbe, dans le glissement d'une forme qui fuit entre nos doigts comme un poisson à la peau visqueuse et devient l'incarnation du Temps

 On célèbre alors en rangs serrés la transition, le passage, on tente l'arrêt sur image; et c'est comme une promesse; pour se consoler de ce qui, manifestement, nous échappe, il faut croire aux naissances, aux cycles, au retour, au recommencement.

 

      

 On oublie alors un moment que chaque année qui commence est une sirène qui tend son buste triomphant et cache sous les reflets changeants de l'eau son insaisissable et monstrueuse fin.

sirène,sculpture en fil de fer,pascal quignard

 

 

 sirène,sculpture en fil de fer,pascal quignard

 

 

 

 

sirène,sculpture en fil de fer,pascal quignard

 

 

 

 

« L’art n’obéit à aucun ordre du temps. Il est inorienté comme le temps lui-même"

Pascal Quignard

15/06/2012

sophora en sous-sol

En janvier de cette année, un grand arbre plus que centenaire a été abattu. C'était un SOPHORA, planté au siècle avant-dernier, et qui a vu passer des générations de citoyens de la ville de Beaumont, pas mal d'élus et de fonctionnaires territoriaux, abrité des oiseaux, des abeilles et des écureuils, donné de l'ombre, produit des fleurs et des gousses, perdu ses feuilles en hiver aprés tous les autres arbres et causé avec son voisin, sophora itou. On s'y est appuyé, on s'est assis sous les branches, on a tourné autour pour jouer, on l'a choisi pour poser avec les mariés. Une vie bien remplie.

sophora, 20 septembre, 1.jpg


Mais il est mort par décision collective et section mécanique; un seul jour pour découper en morceaux un arbre qui a mis 150 ans à pousser. 

L'art  ne guérit ni ne résssucite, il ne replante pas les arbres, ne remonte pas le temps; mais il rend visible une autre réalité, redit le monde, propose une autre vérité des choses.

Et c'est une image qui maintenant dit la mémoire de l'arbre, son statut de gisant éternel, jaune définitivement, tout entier reposé, qui resplendit, dans un sous sol municipal gris de béton; entier oui, si on le voit du bon endroit: l'image est anamorphique et hors du point de vue unique signé d'une croix au sol, le sophora est en morceaux, plus déformé et coupé que par la tronçonneuse.

Pour le voir, il faut donc une double clef: le badge qui ouvre le lieu et la connaissance de l'emplacement adéquat d'où le regard embrasse la forme unie. On peut, par négligence, par manque de temps pour lire l'affichette explicative, passer à côté et ne saisir que les giclées de jaune sur le gris du béton. Tant pis. Combien, auparavant, devant l'arbre vivant dans l'espace public le plus central qui soit, sont passés sans le voir?

 

 sophora au sous sol 1.photo retouchée, plus serréejpg.jpg

vue latérale image réduite.jpg

une réalisation de l'association Formes et Couleurs

 

 

21/05/2012

artistic disaster


ceci n'est pas une catastrophe mais une oeuvre originale de Frédérique Morrel



Il y a en matière d'art des catastrophes, des désastres visuels, des croûtes, des expositions désolantes, des oeuvres sans rien à sauver, des accrochages pourris, des affiches mal foutues, des achats publics insensés (et généralement onéreux) ou ineptes, des moyens de com tellement ratés qu'on se demande comment ils ont pu être validés, si l'opérateur n'est pas malvoyant ou sadique, et quand aux  commanditaires, on imagine que tout est possible: inculture, indifférence, enjeux cachés, passivité...

 Je compte collectionner dans cette rubrique (so sorry) les pires trouvailles et les plus indiscutables mochetés que je serai amenée à rencontrer(ou qu'on me fera connaître) dans les séries:

-com: cartons, affiches et pubs

-expos, publiques ou privées, et accrochages toutes catégories confondues

-propositions institutionnelles (ici il faut tenir compte du rapport qualité/prix)


manque plus qu'à imaginer un trophée adéquat..le prix Radegonde peut-être?

 

Pour commencer voici donc du premier choix en matière de communication visuelle: l'invitation à la foire de Brioude.

foire expo Brioude.jpgD'abord l'affiche (un peu tronquée j'en suis désolée, mais je l'ai reçue dans cet état) puis le carton d'invitation, tel qu'en lui-même: c'est l'affiche étirée, tout bêtement, pourquoi s'emmerder à recomposer l'espace?

La multitude des polices de caractère et la dispersion des titres crée une sorte d'agitation, en réponse à la petite sauterie alphabêtisante du centre; ça se veut primesautier, printanier, gai, engageant.

carton invit foire expo.jpgSur le modèle carton d'invitation,le personnage masculin, acteur unique et officiel de la manifestation, costume sombre et position rigide, paraît vraiment filiforme, et d'ailleurs tout s'allonge, tout maigrit, même la cuisinière mutine, ton sur ton dans l'azur, le "soleil " dont les rayons sont des couverts de table (il fallait y penser!) et l'architecture, afin d'atteindre au format adéquat, celui qui rentrera dans l'enveloppe. Quelques inscriptions ont changé de place: l'entrée gratuite sur la bassine en cuivre est du meilleur effet.

Miracle de l'informatique et désolation plastique vont parfois de pair.

Ce carton est donc la double expression d'une impotence graphique, visuelle et artistique et d'une paresse professionnelle.

Le tout est aggravé par un luxe de couleurs ringardissimes, un assemblage brouillon d'évocations placées là où on peut, qui veulent faire sens mais ne correspondent à rien (le goût de la curiosité? patrimoine? culture?) ; la principale information restant la gratuité de l'accés. Nous sommes en Auvergne.

Des lettres jaillissent -au dessus d'un autre jaillissement phallique et multicolore sur lequel je m'interroge-  d'un livre estampillé "Auvergne" ouvert par le maître de cérémonie, en plein centre de l'image.  On cherche le symbole, le mot caché, à reconstituer, l'alphabet, et on ne trouve rien.

Un E qui ressemble à un €, cependant, semble un indicateur, comme un message crypté:

   mais oui! car il s'agit essentiellement d'une foire commerciale, avec en prime, manèges, stands de tir et barbe à papa.


Il a plu, cette année, sur la foire de Brioude


Un petit dernier pour la route: en cherchant d'authentiques croûtes sur internet, ce qui s'avère plus compliqué qu'il n'y paraît, j'ai trouvé l'oeuvre ci dessous, par un artiste qui a été exposé à l'espace Pierre Cardin...cherchez l'erreur.

foire aux slips


14:45 Publié dans so sorry | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : foire aux slips

28/04/2012

fredforestocentrisme

Je le disais dans la précédente note, le combat pour la diversité artistique est certainement justifié !

et je vous signalais le blog saignant du schtroumpf émergent  qui a pour objet de dénoncer vigoureusement les dérives  et les inepties d'un système institutionnel opaque.

En contrepoint, le blog en question signale d'un "heureusement", l'activisme d'un certain Fred Forest, tel un  "chevalier blanc" de l'art contemporain...

et là, je ne suis plus!

Or je reçois dans la foulée une invitation via internet pour une nouvelle "action" ébouriffante, interactive (se munir de ciseaux d'écolier) et hautement symbolique du héros sus nommé, sans peur et sans reproche.

Si l'on n'a que le choix entre l'institution  et l'immolation de, avec et par Fred Forest et son fan club, il ne reste qu'à tenter une  paix sans conditions, désespérée, mais reposante,  afin de clore une bonne fois tout débat et d'aller cultiver ses poireaux.

 FRED FOREST EST CHIANT, bavard et imbu de sa personne et on s'en tape qu'il ne soit pas à Beaubourg. Mais pas lui.

Qui est FF?

Sur Wikipedia il ressort de son éloge (autorédigé?) comme maître de l'avant garde de l'art contemporain qu'il est un artiste "atypique", qu'il a commencé comme contrôleur des PTT et que par des chemins qui nous resteront obscurs il est devenu artiste et forcément pionnier. En 68 le voilà Docteur d'État à la Sorbonne, Professeur en sciences de l'information et de la communication (venant des ptt, c'est logique). On se doute donc qu'il ne fait pas partie de ces maudits crève la dalle qui croupissent dans les antichambres des décideurs en mâchant leurs semelles pour tromper leur faim ou de ces artistes au regard fatigué qui exposent dans des vilaines salles municipales de province mal éclairées dont ils assurent eux-mêmes le gardiennage ou des nombreux allocataires du RSA que connaît la profession. 

  A l'heure qu'il est, Fred Forest est professeur émerite à l'université de Nice Sofia Antipolis. IL a parcouru le monde entier avec ses oeuvres, et même créé le "centre du monde" dés 98, à l'espace Pierre Cardin. Un damné de la terre je vous dis. Sa biographie,  est trop longue pour être résumée ici mais sur tous ses sites, il s'en charge de façon exhaustive, je vous y renvoie pour les nuits d'insomnie, c'est radical.

Mais FF est malheureux et rebelle, rebelle et malheureux, car Beaubourg ne l'a pas acquis, ne lui demande jamais rien, même pas un prêt, ne l'invite jamais à participer à une expo où il a pourtant toute sa place, ne reconnaît pas son incontournable rôle fondateur, bref, le boude et le reboude. C'est ça le combat de FF. C'est le caillou dans sa chaussure.

Quand même! si peu de reconnaissance à celui qui a inventé le concept et symbole du Mêtre carré artistique!, qui s'est vu entouré, un jour d'octobre 2011 par le service  de sécurité du MOMA (New York) afin de l'empêcher, dans une performance envisagée comme mémorable,  d'installer un mêtre carré invisible, concept dont il exigeait la paternité (et la rétribution) alors que c'est cet abruti et suiveur de Tino Sehgal qui a été acheté par le musée pour le même concept d'oeuvre invisible (cf chronique au scalpel de nicoletriglycerides);l'infect copieur! vous voyez avec ce seul exemple dans quel monde injuste vit depuis toujours FF, monde qu'inlassablement il dénonce..

 

C'est pour nous rappeller à cette cause (je résume: FF a fait tout avant les autres et personne d'important ne s'en est aperçu malgré tout le boucan qu'il fait depuis 40 ans et sa maîtrise de la virtuelle toile et des réseaux mondiaux), que nous sommes invités à une performance le 6 mai devant l'immonde musée; ça va faire mal.

 

 

plongeur 6 cm.jpg

 

23/04/2012

chlolesterol et vitriol: les aventures de la critique d'art

Qui est Nicole Estérolle?

D' origine  limousine, critique d'art,  la dame trempe sa plume  dans un liquide corrosif;  refusée par le monde des revues d'art (sauf Artension) elle s'offre, via un blog, une série d'articles vitriolés sur les papes et papesses de l'art contemporain.

  La  chronique 28, dernière en date, malmène (le mot est faible) Catherine Millet, directrice d'Art Press et auteur du célèbrissime "la vie sexuelle de Catherine M". 

Bonne lecture!

 

Cependant sa cible principale est le schtroumpf émergent:

"Le Schtroumpf émergent ne sait pas dessiner ni peindre. Il bricole tout juste. Il est parfaitement inculte en histoire de l’art, hors celle qui concerne ses référents. Il est puissamment armé en arguments rhétoriques d’une extrême sophistication, qu’il peut répéter mécaniquement"

 

Je vous laisse découvrir sa sélection..

et en particulier la chronique à propos de cet artiste dont l'oeuvre consiste à ne laisser aucune trace d'elle-même...quand tout a été fait, on arrive encore à inventer une absurdité formidable: l'oeuvre auto-annulée par choix mais qui coûte un max. Faut bien vivre. Du moment que c'est nouveau...

Comme si l'institution avait une terreur, une seule: laisser passer sans le reconnaître le prochain Marcel qui réinventera l'art !

 

La lecture est assez jubilatoire; le blog est sanglant autant que bien écrit. Certes il égratigne du monde et jette le bébé avec l'eau du bain. Pas de salut pour l'art contemporain et ses schtroumpfs .

On ne peut être toujours d'accord avec une position trés extrêmiste qui considère tout artiste actuel et reconnu comme un pantin sans cervelle ni métier, sans inventivité, aux réalisations clonées et dénuées de sens et seulement avide d'entrer au chaud dans l'institution; on sait aussi que ce genre de propos est  facilement récupéré par une tendance opposée, assez réactionnaire d'une critique quelque peu rancie où l'art s'est arrêté aux impressionnistes...et encore! Et alors?

 

  Les pavés dans la mare sont salutaires quand l'absence totale de regard critique et une uniformisation des pratiques institutionnelles ignorent superbement un pan formidable et foisonnant de la création vivante. Elles  entraînent alors un formatage des "produits" artistiques valorisés avec une constance de métronome sur la foi de critères formels assez reconnaissables ; ces habitudes sectaires qui mettent en scène une sorte d'élite bon élève de l'art contemporain, trés normée, trés au fait de tout ce qu'il ne faut pas faire pour être admis au club des artistes promus prometteurs,  ne sont jamais remises en cause par qui que ce soit. Dans le grand silence blanc où tout le monde (pour des raisons diverses) pique du nez en se déclarant incompétent à juger le énième avatar duchampien des artistes de l'avant garde autoproclamée, un peu de désordre est bienvenu; ça fait comme une respiration.

Alors oui, le débat est ainsi rouvert, tant mieux, et il faut imposer qu'il le reste. Le goût de l'art n'est pas un monopole d'Etat, ni celui des grands argentiers comme messieurs Pinault et autres mécènes, ceux qui donnent le LA.

Il ne s'agit pas non plus de coller aux basques d'un Luc Ferry ou d'un Bruckner dont on n'a rien à attendre de bien impertinent; et le discours d'un Fred Forest me parait,lui, trés fredforestocentré, quoiqu'en dise Nicholesterol.

Ouvrir le champs des possibles n'est pas cultiver une sorte de populisme d'arrière garde et conservateur, ni hurler à l'artiste incompris toutes les 5 minutes;juste remettre le langage artistique au coeur du battement social et du regard de l'autre, et dans un mouvement et un espace ouverts; on ne gagne rien à une célébration discursive qui ne mesure pas l'ennui qu'elle procure au nom d'une prétendue avant-garde.

Les artistes y prendront alors d'autres risques que celui de n'avoir pas bien rédigé leur dossier.